Au moment de la création de ‘Ganesh’, Daniel m’avait gracieusement permis de faire ma présentation de livres en Allemand. Mais au cours des années, j’ai pu constater que quelques-uns entre nous ne se trouvaient pas totalement à l’aise avec notre troisième langue officielle d’état. Dans le but de faciliter la vie à nous tous, je vais donc m’exprimer ce soir avant tout en Français. Cependant, j’utiliserai le Flamand pour les citations (avec des annotations suivant la numérotation des pages de l’édition Néerlandaise), ainsi que pour mes propres interprétations et mes souvenirs personnels – ceci dans le but pour bien marquer la différence avec le contenu du texte original d’Umberto Eco.
Pour quelle raison choisir justement cet auteur?
A ma connaissance, il n’y a que très peu d’écrivains contemporains qui ont trouvés autant d’appréciation littéraire mondiale comme Umberto Eco.
Très peu arrivent à son niveau intellectuel. Il aurait largement mérité un Prix Nobel!
C’est aussi un peu pour ces raisons que je vous propose de lui rendre ensemble ce soir un très modeste hommage.
Reste la pénible question: quel livre choisir parmi son œuvre très étendu?
Si ma mémoire ne me trompe pas trop, quelqu’un de notre groupe avait fait un jour une constatation quelque peu surprenante: « De tous les livres de Umberto Eco, il n’y a qu’un seul que se lit aisément: c’est son best-seller Le nom de la rose. Ceux qui suivaient comme La pendule de Foucauld ou Baudolino ou L’Isola del giorno prima sont plutôt indigestes ». Heureusement, il n’avait pas mentionné La misteriosa fiamma della regina Loana!
Pourquoi cette remarque me paraissait-elle surprenante?
Parce qu’aucun autre de ses livres – que justement son premier grand roman – ne contient un rassemblement aussi important et compliqué du large savoir en sémiotique, en philosophie et en histoire médiévale. On dirait qu’il s’agit là d’un séminaire du professeur de Bologne. Pas facile donc pour le ‘non connaisseur’ à tout bien digérer!
D’autre part, beaucoup de lecteurs (la majorité?) s’intéressent certainement avant tout pour le côté ‘roman détective’, le suspense des meurtres commis par des moines et le dénouement des mystères, et beaucoup moins pour le nominalisme et les tendances théologiques de l’époque. D’autres lecteurs, ceux-là familiers avec la philosophie et l’histoire médiévale, y trouvaient un grand plaisir de rechercher les nombreuses subtilités cachées et même les fausses pistes mises exprès par Eco pour ‘alléger’ le récit des détails historiques. Quelques lecteurs avisés – avant tout des professeurs de la Faculté des Lettres – se sentaient animés de publier leurs propres analyses et commentaires scientifiques. En réponse aux nombreuses questions évoquées par eux et pour faciliter la compréhension générale, Eco se voyait même obliger d’écrire – déjà une année après la première édition – une sorte d’explication du texte: Postille a ‘Il Nome della Rosa’ – complétée par une introduction dans sa manière de travailler.
Ceci n’était évidemment plus nécessaire dans le cas de La mystérieuse flamme de la reine Loana, d’un roman en apparence moins complexe qui évoque des faits politiques et culturels d’un passé récent qui est encore bien présent à la plupart d’entre nous.
Puisque l’époque et les lieux du roman coïncident presque parfaitement avec les dates biographiques de l’auteur, on pourrait penser qu’il s’agit-il là d’un ‘roman de mémoires’. Eco (né début 1932) et son protagoniste Giambattista Bodoni (né fin 1931) ont vu le jour tous les deux dans la campagne près d’Alessandria (entre les régions Langhe et Monferrata); et les similitudes ne s’arrêtent pas là.
Dans leur jeunesse, tous les deux se trouvaient confronté avec la période difficile de la dictature fasciste, les horreurs de la guerre et ensuite la libération. Si les évènements politiques et l’esprit culturel de cette époque sont extrêmement bien documentés, les souvenirs personnels restent cependant souvent fragmentaires ou nébuleuses.
Eco et aussi le protagoniste de son roman, l’antiquaire de livres, Giambattista Bodoni, se mettent à la recherche du temps perdu. Pour bien séparer les faits et les évènements historiques envers les pensées et émotions personnelles, Eco se sert des résultats récents de recherche en neurologie du cerveau pour créer chez Bodoni la fiction d’une amnésie partielle causée par un accident. Le résultat: ses connaissances des faits communs restent intactes, mais leurs liens, les rapports avec son ‘moi’ et ses souvenirs émotionnels, son ‘identité’ lui manquent. Il se sent comme quelqu’un qui plane dans un brouillard épais. Il n’est pas capable de réunir ses impressions pour former un tableau cohérent de sa vie.
Son problème: qu’est-ce que nous prenons – à vrai dire – pour notre véritable identité?
Est-ce un problème inextricable comme pour „Stiller“?
Ou consiste-elle partiellement de ‘pulsions sublimées’ comme pour „Aschenbach“ (Der Tod in Venedig)?
Mais au lieu de conclure d’un état final à ses origines (tel qu’ils le font Max Frisch et Thomas Mann), Umberto Eco s’engage dans une voie contraire: Bodoni tente à reconstruire la partie essentielle de son identité en partant d’innombrables bribes d’un mystère.
Zich herinneren is reconstruëren met hulp van hevige emotioneele prikkels, de “vlammen”, of – bij Proust – met de smaak en geuren van lindebloesem-thee en ‘madeleine’-cakejes. Bodoni alias Eco “zal het proberen, maar hij herinnert zich geen beelden, en ook geen geuren en smaken, … alleen woorden.”[1] Het probleem: hij ziet niet enkel nevel achter, maar ook voor zich. Om een toekomst te kunnen plannen moet hij eerst terug in het verleden om een aanloop te nemen en om dan een voorwaartse sprong te maken.[2]
Le brouillard fréquent dans la plaine du Pô joue un rôle important dans l’œuvre de Eco; non seulement comme phénomène météorologique. Il y symbolise en même temps l’incertitude, l’ignorance, les lacunes de mémoire et de conscience de ses protagonistes.
Mais le ‘brouillard’ attire l’attention aussi sur une technique d’écrire qui semble presque caractéristique pour Eco : c’est de jeter une voile de fiction sur les détails de son récit avec l’intention de laisser au lecteur d’avantage de place libre pour son propre imagination.
Ceci concerne d’abord le lieu des actions. La fameuse abbaye du Nome della rosa se trouve – sans autre indication précise – « quelque part dans le Piémont ». De même pour le village où Bodoni passait sa jeunesse: „Solara, ligt op de grens tussen Langhe en de Monferrato, een prachtige plek …“[3]. Hélas, on cherche en vain un village de ce nom sur une carte de la région! Même résultat avec les autres comme „Mongardello“, „Corseglio“, „Montevasco“ ou „Lovezzolo“. On pourrait croire que ces noms ressortent de la pure fantaisie d’Umberto Eco. Surtout lorsqu’il indique par ailleurs des cités bien réelles: tels que Casale Monferrato, Asti et Alessandria. Mais non! On peut les retrouver tous dans certains documents médiévaux comme noms propres.[4]
Eco s’amuse en brouillant les pistes. Dans une interview il avait prétendu un jour – malicieusement et avec un grand sourire – qu’il connaissait la réalité de notre monde avant tout à travers les nouvelles de la télévision – donc seulement de seconde main; en revanche celle du Moyen Age par les sources authentiques des archives.
Bodoni se remet aux sources authentiques à Solara. Il sait que son imaginaire nébuleux n’est pas seulement le résultat de l’amnésie partielle et que finalement, la plupart de nos souvenirs lointains s’amalgament pour former un collage d’images laiteuses, imprécises.
Notre cerveau combine, abrège et change – partiellement de soi-même – sans recourir au contrôle par l’hémisphère du cerveau qui est le siège de la conscience et de la raison. Il en résulte involontairement de la fiction – ou plus précisément – d’un mythe sur notre propre passé qui, dans certains cas, peut troubler notre souvenir des évènements tels qu’ils se sont déroulés vraiment.
C’est pourquoi je ne pense pas, contrairement au texte sur la couverture de l’édition Néerlandaise[5], qu’Eco avait l’intention de rendre sa propre jeunesse vécue – telle qu’elle – accessible à un grand public intéressé. [6]
Ceci concerne surtout les interminables descriptions de Comic-strips de langue italienne et américaine rabâchées sur plus que deux cents pages de la partie II: « Een geheugen van papier.[7] »
Me référant sur les nombreuses commentaires dans l’Internet, beaucoup de commentateurs allemands et français (parmi eux aussi un professeur en neurologie!) estiment que le livre soit destiné avant tout aux contemporains italiens de l’auteur. Pour servir simplement de rappel de souvenirs d’enfance communs. Certains suggèrent même aux autres lecteurs transalpins de sauter cette partie.
Mais ne méconnaissent-ils pas ainsi les véritables intentions d’Umberto Eco ? Précisément! Cette énumération de détails en apparence insignifiants se veut être une machine puissante pour générer des interprétations personnelles, avec le but principal d’animer l’imagination et les souvenirs de vie privée du lecteur!
Jadis, Eco avait exprimé ce point de vue d’une manière frappante et plein d’humour: « A vrai dire, un auteur devrait rendre son âme à Dieu juste après la publication de son roman pour que son mouvement propre et son activité inhérente ne soient pas disturbés. »[8]
Sous l’impulsion de ses « flammes », il nous invite à nous mettre en route dans le monde de nos propres souvenirs![9] A partir même de détails insignifiants comme ceci: Bodoni fume des Gitanes papier maïs, une marque de cigarette en vogue dans les années 60. Avant tout chez les intellectuelles et tous ceux qui pensaient – moi-même inclus – d’en faire partie. Effectivement, fumer Marlborough light signifiait d’appartenir à la Bourgeoisie médiocre, ou d’après une expression de Bodoni aux provinciaux.[10] La marque de cigarette combinée avec le papier maïs servait de symbole de l’état social de l’intelligentsia académique ; l’étoile sur le capot d’une voiture de luxe des roturiers d’argent.
Pour Eco, il ne s’agissait pas de faire un aperçu plus au moins complet de propagande fasciste, de mode, de publications populaires, de dessins animés, de publicité. Il développe plutôt une esquisse de l’espace culturel des années avant et après la deuxième guerre mondiale appréhensible pour lui-même [historische ruimte van individuele ervaring[11]]. Sans ordre apparent, il présente aux lecteurs un ensemble de trouvailles sans y attribuer un message précis. Le tableau final résulte de la somme des ses pièces en analogie de notre monde des expériences et souvenirs. Eco appelle cette technique de collage disiecta membra.
Ainsi, beaucoup de ses allusions à mots couverts restent partiellement impénétrables se qui permet aux lecteurs d’éprouver un attrait particulier ou un plaisir amer par la compréhension de son propre manque d’orientation et son ignorance. Puisqu’il y a des mondes entre notre jeunesse et le monde d’aujourd’hui!
Was de bron van meer of minder betrouwbaaren kennissen vroeger in de volumineuze boekdelen van de Nieuwste Encyclopedie van Melzi of de Brockhaus of de Britannica te vinden, is dit vandaag de alwetende, maar niet altijd betrouwbaare Wikipedia[12]. Was het vroeger het radio, de van fascisten gecontroleerde RAI, die daarin slagden de ware geburtenissen dermate verdraaien, dat een tegenovergestelt beeld ontstond, of de stem van de iets minder propagandistische BBC, zo is dit vandaag de stem van iedereen, Facebook of Instragram. “Weste Pippo werklijk van niets”?[13] Vandaag zal hij alles op zijn Notebook of slimme GSM terugvinden. Blijkbaar moet vandaag niemand meer nog op een duistere zolder klimmen, om een psychogram van zichzelfs of van iemand anders te ontwerpen. Het volstaat de vaste schijf van zijn labtop te consulteren.
Maar zal dit voldoende zijn om een enigermate juist beeld te scheppen? Een beeld niet alleen van de dingen zelfs maar ook van de daarmee verbonden gedachten en gevoelens?
Twee voorbeelden onder zeer velen anderen:
p. 114 “de blikken van Achille Brioschi”
Un enfant peut parfaitement découvrir les dessins dans le dessin et ainsi de suite (“en abîme”). Il regarde la possibilité de l’infini et comprend intuitivement que chaque découverte en cache une autre. Mais il semble improbable qu’il en déduise une métaphysique de l’infini ou la régression sans fin ou le calcul infinitésimal ou le paradoxe de Zénon.
p. 282 „de postzegels“
Bodoni bezeft heel goed dat de postzegel uit zijn jeugd waarschijnlijk in mindere mate een puur liefhebberij was om voorwerpen met een zekere waarde te verzamelen, maar veel meer een mogelijkheid om het opgesloten bestaan – ingeklemd tussen twee strijdende legers – te doorbreken en een virtueele droomreis door de wereld te starten. In deze droomen gaat het niet enkel over passief genoot. Twee postzegels van de Fiji-eilanden laten Boldoni’s hartslag razen. De wilde, afgebeeld op de eene en de precisie van de landkaart van de andere laten hem onmiddelijk denken aan de schateilanden. Zijn toenmalige wens, later eens daarnatoe te reizen blijft tot in het heden bestaan.
Cependant, les innombrables trouvailles sur le grenier en rapport avec l’oppression fasciste, les horreur de la guerre et les méthodes du régime pour distraire la population malgré tout, ne donnent pas encore une réponse à la question comment Bodoni lui-même avait vécu cette Italie schizoïde.
Dans un cahier de cinquième classe, il trouve une de ses compositions de l’ère fasciste en 1942, plein de phrases préalablement imposées de force par la propagande nationaliste qui créait des mythes à travers des sentiments de colère et vengeance. Et puis – déjà neuf mois plus tard – il découvre un essaie: « le verre incassable ». Est-ce que lui reflétait son état d’âme d’adolescent correctement? Un changement si rapide était-il possible?
“Wie was ik geweest ? De Yambo van de school, van het staatsonderwijs dat zich afspeelde in context van fascistische architectuur, propagandistische kaarten, aanplakbiljetten en liederen, de Yambo van Salgari en Verne, van …, en van het onbreekbare glas?”
Sa femme Paola, psychologue, le lui explique: « Les enfants peuvent vivre dans des mondes bien différents ». Ils sont parfois des petites crapules (kleine loeders) ou des flagorneurs (stroopsmeerders). Par ailleurs elle propose une explication très simple pour les changements rapides : d’une part, en prétendant que neuf mois pendant la jeunesse correspondent à une éternité en âge adulte; de l’autre, que déjà un autre instituteur l’aurait pu inciter à manifester brusquement ce scepticisme dissimulé derrière une fausse identité.
Bodoni’s recherches ardentes semblent donc mener nulle part. Elles aboutissent apparemment dans une impasse ; l’incertitude reste, le brouillard impénétrable.
Pourtant et malgré tout les obstacles, il réussit d’élucider au moins partiellement la situation politique de sa propre famille et celle d’une Italie vacillante entre fascisme et résistance. La ligne de démarcation ne passe pas toujours clairement définie entre le mal et le bien, entre coupables, complices et victimes. Finalement, presque tous sont victimes des circonstances, aussi la grande majorité des suiveurs qui manquaient de civisme. Aussi le jeune combattant héroïque italien, Loma Valente, qui mourut stupidement pour le camp franciste en Espagne. Ce récit fut le point de revirement pour le jeune Bodoni; d’autres semblables probablement aussi pour la majorité des Italiens et pour tous les hommes et femmes touchés par les horreurs de la guerre.
Chez Bodoni, le scepticisme politique s’installe déjà à l’âge de onze ans.
Il se demande en outre si ce scepticisme touchait aussi ses convictions religieuses. Les deux timbres-poste des îles Fiji, un cadeau de Gragnola, l’amènent sur la bonne piste. Mais Eco ne révèle seulement les idées de cet anarchiste, ses idées très à la mode dans le milieu d’étudiants de l’époque. Le jeune Bodoni n’approuvait vraisemblablement pas tous les arguments de Gragnola. Il se montrait incrédule lorsque ce dernier qualifie Hegel, Jeanne d’Arc et même Dieu de fasciste (l’incarnation du mal).[14] Par la suite, Gragnola développe sa philosophie et théologie simpliste en analysant à sa manière le décalogue[15]:
“…Mozes … hoort zijn stem en wie weet waar die vandaan komt, en dan gaat Mozes naar zijn mensen toe en zegt dat de geboden moeten worden gehoorzaamd, omdat ze van God komen.”
Heden ten dage geloofd geen moderne christen dat de tien geboden “uit de hemel gevallen zijn “.[16] Het is evident aan iedereen dat het eerste gebod niet betekend de vooruitgang van de wetenschappen te ignoreren zoals Gragnola het beweert. En het tiende verbied zeker niet in opstand te komen tegen uitbuiting! In tegendeel: “Het is waarschijnlijker dat en kameel door het oog van de naald zal kruipen dan een rijke na het hemelrijk.”
Van grote eenvoud, maar toch opmerkelijk, zijn ook de volgende stellingen van Gragnola[17]:
“Het grootste Kwaad is dat het heelal zelf ter dood is veroordeeld. …, en wij hebben het ongeluk dat we grote slimmeriken zijn en hebben begrepen dat je moet sterven. Zo zijn we niet alleen het slachtoffer van het Kwaat, maar we weten dit ook.” …dat de wereld een ongelukje is geweest (van de schepping), dat God er echt niets aan kon doen en het allemaal komt door het Kwaat dat Hij in zich draagt, dat is de enige manier om het God niet kwalijk te nemen.”
De theodicee van het anarchisme!
Maar heeft dit ook iets te maken met de overtuigingen van Umberto Eco?
Het enige wat ik kont vinden om deze vraag een klein beetje te verhelderen is het boek (in vorm van brieven) dat hij 1999 samen met Carlo Maria Martini[18] (en anderen) heeft gepubliceerd onder de oorspronkelijke titel: “In cosa crede chi non crede?” (Wat geloofd, wie niet geloofd?)
Eco schrijft daarin dat hij tot zijn 22. levensjaar “zeer sterk geprent was door het katholicisme”. En verder:
“De agnostische perspectief is voor mij geen passief opgenomen erfenis, maar het leedvol behaald resultaat van een lange en langzaame innerlijke verandering en ik ben nooit zeker, of niet sommige van mijne moreele overtuigingen nog altijd van de religieuze stempeling afhangt die ik oorspronkelijk heb ervaren.”[19]
Het Kwaat is de prijs voor de vrijheid om te kunnen kiezen; en de dualisme van de schepping de voorwaarde van ons bestaan en denken.[20]
“De ethieke dimensie begint daar waar de andere mens in het spel komt.” … “Ik kan – net zoals Kant – niet verstaan hoe het mogelijk is niet aan God te geloven en van mening te zijn dat zijn bestaan niet te bewijzen is – om dan (integendeel) vast aan het niet-bestaan van God te geloven, in de overtuiging dat dit wel bewijsbaar is.”[21]
Eco – juist zo als ook veele ‘moderne’ christenen – gelooft niet in de dogmatieke leer van de konservatieve katholieke kerkleiding en een ‘personale’ God, maar hij belijd wel – in tegenoverstelling van Gragnola die enkel aan de materiele dood van het heelal gelooft – de existentie van “een eerste oorzaag” en “rijn immateriele algorithmen” (logos, ziel) die zelfs na de dood (de individueele dood en die van het universum) mogelijk verder bestaan”[22]. Naast het fundamentalistische theïstische concept van God als een ‘feitelijk gegeven’ (volgens decaloog) en de net zo fundamentalistische bewering van de atheïsten dat ‘God niet bestaat’ is er nog (niet alleen voor U. Eco) een derde mogelijkheid, namelijk dat ‘God kan bestaan’. Dit kan volgens Richard Kearney betekenen:[23]
“God spreekt mensen als ‘mogelijkheid’ aan en Hij verwerkelijkt zich enkel daar waar mensen aan zijn uitnodiging gehoor geven.”
Il se rapporte ici sur le principe anthropique qui postule la possibilité inhérente à la création d’une “survie” des algorithmes immatériels (de la création et éventuellement aussi d’origine de l’intelligence humaine) même après un Big Crunch ou Big Freeze.
Suivant l’anarchiste Gragnola, Dieu est responsable pour tout le mal dans le monde. Jesus cependant représente selon Gragnola:[24]
“het enige bewijs dat wij mensen tenminste ook goed kunnen zijn. … Misschien hebben wij Hem uitgevonden, maar dat is juist het wonder, dat er zo’n mooi idee in ons is opgekomen.”
Cette même opinion se retrouve aussi dans sa lettre au cardinal Martini, mais Eco la présente prudemment sous la forme de l’hypothèse suivante[25]:
« Supposons que l’homme soit parvenu au monde par un erreur du pataud hasard; non seulement délivré d’être mortel, mais aussi condamné d’avoir une conscience, donc la plus imparfaite de tous les êtres. Pour trouver le courage d’attendre sa mort, cet homme parviendrait – contraint et forcé – de devenir un être religieux. Il essayerait d’imaginer des récits qui lui pouvaient servir d’explication et de livrer un model, un tableau exemplaire. Et parmi les nombreux qu’il aurait pu s’imaginer … il y avait eu un moment et la force religieuse, morale et poétique de créer le model du Christ, le model de l’amour universel, du pardon pour les ennemis et du sacrifice de sa vie pour sauver les autres. Si j’étais un voyageur d’une lointaine galaxie et en contact avec un être qui avait pu se donner ce model, je serais bouleversé en admirant son énergie théogone énorme et je considérais cet être pitoyable et infâme, qui a commis tant d’atrocités, déjà seulement de ce fait comme délivré, parce qu’il a réussi à désirer et à croire que tout cela soit la vérité. »
De titel van de derde deel verwijzd de lezer op de terugkeer van de antieke Griekse helden uit Troia. Nogmaals een van de karakteristieke verwarring-spelletjes van Eco!
Wie of wat keert eigenlijk terug?
Uiteindelijk komen alle herinneringen “net zoals vleermuizen” terug. Maar enkel in een deep coma, soms zonder de nodige connecties, en dus blijven ze meestal in een ondoordringelijke nevel hangen. Maar niet in het geval van zijn levenslange zoektocht naar de liefde van zijn leven.
Dans une interview, juste après la publication du roman, une journaliste avait posé la question indiscrète à Eco: « Jusqu’à quel degré cette recherche correspond à votre propre vie sentimentale ? » Sans hésiter et d’une franchise inhabituelle, il faisait d’abord remarquer que chaque garçon normal avait certainement vécu des expériences semblables. Lui aussi et probablement nous tous! Eco nous invite donc – une fois de plus – de revivre notre propre éducation sentimentale en la comparant avec celle de Bodoni avec Lila Sala, Paola, Sibilla (presque une anagramme), avec Vanna et la belle Hollandaise.
Ce qui me parait dans ce contexte particulièrement intéressant: d’une part, Eco nous décrit d’abord des objets – les représentations de femmes lascives – lesquelles Bodoni avait jadis trouvés dans des bandes dessinées ou magazines féminins italiennes et françaises et qui produisaient chez l’adolescent un profil archétypique de la femme de ses rêves. Ensuite cette idée devient le point de départ pour sa recherche continue d’une fiction dans la réalité et en même temps la base pour son futur comportement – tous ses désirs, réussites et déceptions. Une illusion fantomatique influence ainsi ses évènements vécus, mais également ses préférences littéraires (Cyrano de Bergerac) et même le choix de son doctorat sur le livre de Francesco Colonna (« De strijd van Poliphilo »[26])!
D’autre part, ses désirs ne reflètent pas seulement son caractère légèrement machiste – « j’aime, mais c’est forcé, la plus belle que soit!» [27] – mais aussi son évaluation critique de ses chances et la solution poétique de cette impasse.
Sono solo, appoggiato nella nebbia
Al tronco d’un viale …
E non ho che nel cuore
Il ricordo di te
Pallido, immenso,
perduto nelle fredde luci, lontano
da ogni parte tra gli alberi.
D’une part, il adore “la plus belle que soit” ; de l’autre, il aime avant tout le cou et la jaquette jaune de sa bien-aimée. Dans sa jeunesse, il lui suffit de s’imaginer de jouer Cyrano dans la scène terminale.
Par ailleurs, il espère d’oublier de cette manière l’épouvantable nuit dans le ‘Vallone’.
Comment Eco
avait-il vécu la période fasciste, la résistance, le revirement politique avec
la destitution de Mussolini et finalement la libération?
[1] U. Eco: „De mysterieuze vlam van konigin Loana“. Amsterdam 2005, p. 26.
[2] U. Eco (2005), p. 28.
[3] U. Eco (2005), p. 72.
[4] Archivio di Stato di Lucca: “…Mongardello quondam Viviano, … testimone”, pergamena del 21 ottobre 1194.
[5] Citation: « Na de successen die Umberto Eco behaalde met zijn vorige in het verleden gesitueerde romans, wijdt hij zich nu aan het genre van de memoires. »
[6] Der Roman ist allerdings der literarischen Form nach – wie auch schon „Der Name der Rose“ (Adson von Melk) eine „Memoiren-Erzählung“.
[7] U. Eco (2005), p. 77 – 275.
[8] U. Eco: “Nachschrift zum ‘Namen der Rose’. München: 1984, p 14.
[9] Suivant Karl Popper une des trois “Mondes”.
[10] Zie U. Eco (2005), p. 34.
[11] Cette terminologie est couramment utilisée par les historiens et sociologues; elle a été introduite par Fritz Krafft.
[12] Volgens de biografie van Wikipedia was Umberto Eco op latere leeftijd “atheïst”. Met deze stelling zal hij zelf niet akkord geweest zijn! Zie: Carlo Martini / Umberto Eco (1999), p. 83.
[13] Zie U. Eco (2005), p. 166 – 195.
[14] “God is het Kwaad!” beweert Gragnola op doctrinair manier (zie U. Eco (2005), 389. Dit laat denken aan het kerkelijk tegendeel: “Deus caritas est”. Waarschijnlijk geen van de twee, omdat wij niets kunnen weten over de eigenschappen van de schepper.
[15] Zie U. Eco (2005), p. 317 – 319.
[16] Zie hiertoe: Hans Küng: “Was ich glaube”. München (2012).
[17] Zie: U. Eco (2005), p. 321.
[18] De Jesuit en kardinaal Carlo Maria Martini (1927 – ?) was aartsbisschop van Milan.
[19] Zie: C. M. Martini / U. Eco: “In cosa crede chi non crede”. Roma (1996), p. 82 – 93. (Eigen vertaling)
[20] Zie hiertoe: Rüdiger Safranski: „Das Böse oder das Drama der Freiheit.“ Frankfurt (1999).
[21] Zie: C. M. Martini / U. Eco (1996), p. 86.
[22] Zie C. M. Martini / U. Eco (1996), p. 91.
[23] Richard Kearney: “The God who may be”. A Hermeneutics of Religion, Bloomington 2011.
[24] Zie U. Eco (2005), p 324.
[25] Zie C. M. Martini / U. Eco (1996), p. 92. (eigen vertaling)
[26] F. Colonna: Hypnerotomachia Poliphili. Cette livre fut édité en 1499 et traite de l’amour dans un rêve.
[27] U. Eco (2005), p. 265.